Françoise Sagan

(1935-2004)

« Un garçon qui, avec le courage des simples,
aimait ce qu’il désirait, admettait ce qui l’émouvait,
bref, s’y livrait sans se débattre.
Naïvement, comme plus personne – ou si peu –
n’en avait la possibilité, le courage
ou la simplicité en ce siècle. »

⎯ Les quatre coins du coeur

Les Quatre Coins du cœur est le dernier roman de Françoise Sagan.
Subtil, résolument libre, empreint de son immense maîtrise, irrigué par sa passion des sentiments et de leur altérité. L’intelligence, le cocasse, cette élégance qui lui permet de passer sur les drames de manière si vive et si concise, tout se rencontre et nous permet de revisiter une vie de Sagan à laquelle rien ne manque dans ce roman inachevé, brut et bouleversant.
 

Les quatre coins du coeur
Comme bien des femmes de sa génération, Fanny voyait des protecteurs dans ses amants, idée disparue depuis belle lurette.
Châteaux, cours, collines, ciel bleu pâle, fin d’été, la Touraine déroulait ses charmes.
« Que la France est belle, pensait Fanny, et que mon amour est beau…  »
Ludovic était derrière elle, l’avion sentait la bruyère, et le seringa, survolé d’assez près pour qu’on le respire.
À un moment, Fanny fut envahie d’un désir si vif, dû à un souvenir si précis de Ludovic, qu’elle se tourna vers lui, et se détourna aussitôt, sans l’avoir même touché du bout des doigts. Cet empêchement, cette impossibilité, serait un des souvenirs les plus sensuels de sa vie amoureuse.