(1927-2010)
est considéré comme l’un des plus grands romanciers néerlandais contemporains.
Il est lauréat des plus hautes distinctions littéraires néerlandaises
En apparence, tout sépare les deux hommes : l’un est astronome, coureur de jupons, extraverti et jouisseur, l’autre spécialiste des langues anciennes indéchiffrables, plutôt timide et solitaire.
Tandis que Max est orphelin d’une mère juive déportée et d’un père collaborateur, Onno vient d’une grande famille de notables calvinistes.
L’un sort tout juste du lit d’une de ses maîtresses, l’autre s’est échappé d’une pesante réunion de famille.
Max et Onno deviennent pourtant inséparables.
Cette amitié est le fil conducteur d’un roman inclassable qui parvient à nous entraîner aussi bien dans un chassé-croisé amoureux sur fond de congrès révolutionnaire à Cuba, que dans les obsessions d’un adolescent surdoué, convaincu de pouvoir retrouver les Tables de la Loi. Mais Mulisch nous plonge également dans le passé trouble de la collaboration, décrit les arcanes de la politique et du pouvoir et met en scène avec un rare talent les jeux de l’amour et du sexe.
EXTRAIT
Arrête-moi si je me trompe, dit Onno, mais tu es bien en train de me parler de la mort de ta mère, pour faire ensuite une plaisanterie douteuse et finalement reluquer une femme qui passe ? Tu es quel genre de type au juste ?
Un type qui reluque une femme en parlant de la mort de sa mère, apparemment. D’ailleurs, je parlais aussi de la mort de mon père.« Le problème, avec les hommes, c’est que nous pouvons les pousser mais non les contraindre. (…) lui faire faire une chose qui va à l’encontre de ses sentiments, ce n’est pas si simple. Les humains ne sont pas des marionnettes ils ont leur propre volonté ; on n’a pas le temps de faire ouf qu’ils vous ont déjà échappé. »
« Je ne sais pas comment le monde est fait, Onno, mais peut-être est-ce là ma force. Si tu veux mon avis, il n’a rien de construit, le monde, pas plus que le contenu d’une poubelle. D’après moi, le monde – du moins sur terre – est une gigantesque pagaille improvisée, qui pour des raisons inexplicables continue plus ou moins de fonctionner. »