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C'est
une longue marche qui oblitère le soleil et neige d’aubépines. La saison
change de chaussures, le jour est moins vieux, les arbres anciens
savent. Encore un bel été se dit l’oiseau.
Ile Eniger

Poète et romancière, passionnée, persuadée que rien
n’est impossible, elle écrit dans la rigueur et l'exigence, la terre
brûlante, l’incontournable amour, la lumière silencieuse, le fil à
parcourir plus haut que les tiédeurs et les habitudes. Elle vit dans
un petit village de l’arrière-pays Niçois, entre le feu et la glace.
Revues littéraires - Participation Abrégé d’Histoire
Littéraire Français/Roumain – Lectures publiques - Conférences - Cafés
littéraires – Salons du Livre - Ateliers d’écriture – Revues poétiques -
Spectacles poétiques avec la Cie La Dégaine Rêve.
- Site : insula.over-blog.net
- Courriel : ile.eniger@sfr.fr
BiBLIOGRAPHIE :
Textes poétiques Éditions Alternatives et Culture
Regards vers ailleurs (épuisé)
Éditions Corporandy
Empreintes (épuisé)
Éditions Cosmophonies
La parole gelée
Les terres rouges
Une pile de livres sous un réverbère
Du feu dans les herbes
Celle qui passe Éditions Chemin de Plume Du côté de l’envers
(Illustrations Émile Bellet)
Il n’y aura pas d’hiver sans tango, mon amour
Le bleu des ronces
Bleu miel
Terres de vendanges
Et ce fut le jardin - (Photos Dominique Cuneo)
Poivre bleu
Un violon sur la mer
Boomerang
Le raisin des ours (à paraître juin 2013 aux Editions Chemins de Plume)
Éditions Collodion
L’inconfiance - (Dessin Claire Cuënot)
Un coquelicot dans un poulailler
Éditions Le Librefeuille
Le désir ou l’italique du jour - (Encres Michel Boucaut)
Une ortie blanche - (Gravures Michel Boucaut) – Prix du Livre d'Artiste
Salon d'Automne Paris 2012
Éditions Amapola
D'une île, l'autre – (Correspondances poétiques avec Dominique Ottavi)
Roman
Éditions Parole
La femme en vol
Revues poésie
(France) Les Citadelles - Lieux d'être – Les Carnets d'Eucharis -
Nouveaux Délits - Menu Fretin - Dégaine ta rime – La voix des autres –-
J'ai rêvé une gare
(Belgique) Diptyque
(Canada) Histoires à boire debout
(Ile Maurice) Point Barre
En préparation : Recueil de textes poétiques à 2 voix avec
l'écrivain québécois Jean-Marc La Frenière
Extraits de Presse
Ile Eniger écrit le rêve accompli dans le vécu. Une relation qui, pour
aller de l’absolu vers l’absolu, transite par l’incarnation. Histoire
d’amour dont l’arrêt sur image éclaire la profondeur et la transparence,
elle conjugue audacieusement douceur et passion et révèle, juste sous la
glace, un incendie. Livres-Hebdo
Ile marche nus pieds pour mieux sentir la musique des pierres. Elle
s’avance nue vers les terres rouges de l’amour. Elle est quelque part
sous un soleil de feu. Comme chacun de nous elle ne redoute et n’attend
qu’une chose, que surgissent de partout les loups de la passion. René Frégni
(Écrivain)
Une île entre le ciel et l’eau. Ce n’est pas un chemin tout tracé.
Amoureuse, aérienne, rugissante, la femme qui habite ces poèmes renvoie
à une sensibilité primitive, essentielle. Thierry Wetzel (Journaliste)
Tout est d’une pureté exquise dans les recueils d’Ile Eniger. Ils ont
le mérite, en plus du talent, de nous faire croire à la merveilleuse
beauté de l’amour. H. Bourdet-Guillerault (Journaliste)
Entre le goût des images cosmiques, la quête d'un autre souffle ou la
recherche du sien propre, il y a un espace de prose attentive, juste,
d'une réflexion, d'une beauté qui s'accomplit, d'un chemin de feu pour
se connaître, aimer et apprendre. À lire, pour connaître encore celle
qui "n'invente rien qu'elle ne soit déjà". Olympia Alberti (Écrivain)
Ile, vos poèmes m'enchantent, en vous lisant je pense à René Guy Cadou,
j'éprouve pour votre écriture la même émotion qui naît de l'évidence.
Jean Ferrat (Chanteur)
Chez Ile Eniger, tout est affaire d’émotion. Impatiente, brûlante comme
l’éclair, vagabonde comme le rêve, sans carte ni boussole, elle cache
sous les mots, la morsure insoumise de l’épine de feu. Dans ces textes
admirables, le lecteur trouvera partout des éclats de soleil. Victor
Varjac (Poète et journaliste)
Ne vous fiez pas aux apparences, sous l'air sage de Ile Eniger, c'est un
volcan de poésie qui entre en éruption. Ses mots en fusion ne sont pas
moins brûlants que la lave, et s'ils dévastent les lecteurs, c'est pour
mieux réveiller en eux un goût de vivre qui emporte tout sur son
passage. Olivier Joseph (Editeur)
Ile Eniger a une sensibilité bien particulière, c'est plus que du
talent, c'est la poésie. Pierre Autin-Grenier (Écrivain)
Ile Eniger tisse une oeuvre à part où chaque mot s'ajuste "au
millimètre" à l'ensemble. Son écriture a quelque chose d'hypnotisant,
d'extrêmement concentré. Elle nous retient à la frontière de ce qui se
dit et du silence de la contemplation. André Chenet (Poète)
Ile surveille ses mots comme une chatte. Ses portées sont toujours très
belles. Jean-Marc La Frenière (Poète Québécois)
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Québec
Extrait de "Bleu miel" - Ile Eniger - Editions Chemins de Plume
Une fanfare joue un disque de mémoire. Je m’élance au-dedans. C’est
presque un autre temps.
Ne dis rien, raconte,
Descendue de l’image de la fille en avion, tu les as parcourus ces longues
routes longues, ces terres bras tendus, ces granges de westerns aux drôles
de chapeaux, ces villages isolés de vieux films irlandais. Tu les as
approchées ces dormances de lacs qui s’inventent des fées, ces bisons
légendaires, ces framboises géantes, ces façades de bois traversées de
fantômes, ces pas de mocassins dans l’âme des poussières, ces ponts
enferraillés de dentelles solides menant aux cœurs des villes. Et tu les
as aimés ces théâtres perdus, retrouvés dans les arbres à la croisée des
rangs. Cette parole nue en tréteaux et en planches, la voyageuse qui
bouleverse. Je ne suivrai plus l’écriture de la même façon. Pour les mêmes
raisons que là-bas il n’y avait pas de raisons. Que des graines et de
l’eau, une poignée de sel.
Ne dis rien, raconte,
Pas de fureur du monde, mais des choses, des gens, qui habitent la neige
en carte de Noël. Et qui s’abritent en gestes élémentaires. Ils sont nés
depuis peu, ils en gardent l’élan et la place du simple. En bas des
thermomètres, ils espèrent l’été. L’été, ils ensemencent. Ils sont avec
ferveur. Leurs lessives se mouillent sur des cordes à linge qui sont là
pour chanter. Chanter, ils chantent tous. Ou presque. Ils sculptent ou ils
écrivent, peignent ou dessinent des jardins. Ils sont la vie sans
argumentation. Ma vieille Promenade, vaniteuse et fardée, n’en croirait
pas ses artifices, "des Indiens dans la ville !". Ils sont l’exact d’avant
les artefacts. Des chercheurs d’un autre or, t’es-tu entendue dire,
étonnée de le dire.
Ne dis rien, raconte,
Ils amourent des blondes de toutes les couleurs, circulent dans des chars
qui vont magasiner. Ils défendent leur langue comme l’oiseau son nid. Ils
prennent des cafés sur des chaises berçantes qui ont vu leurs
grands-mères. Autour de leurs maisons courent des galeries sans volets ni
serrures. Ils ont la table mise comme une main ouverte. Les eaux de leurs
cascades enjouées et glaciales éparpillent leurs jupes. J’ai même vu un
cheval entrer dans un salon, pivoter sans casser les guitares, et repartir
joyeux retrouver son jardin. Ils vivent l’essentiel. Ils s’appellent
Jean-Marc, Yves, Jojo et quelques autres. Ils parlent de leur fleuve comme
on parle de soi. Leurs cadeaux sont gratuits et leurs rires sonores.
Quelqu’un m’a dit, raconte, raconte ton pays. Comment dire le luxe inutile
et clinquant, les valeurs ajoutées et le vieux continent qui meurt de
suffisance. J’ai eu honte soudain. Leurs paysages nus vivent plus loin que
nos affiches.
Ne dis rien, raconte,
Je ne connaissais pas des espaces aussi grands. Un chat avait perdu ses
griffes. Un homme trouvait de l’eau. On mangeait du fromage à n’importe
quelle heure, en petits dés de lait. Ma langue s’en souvient. Des oies
sauvages enseignaient l’alphabet au troupeau des nuages. Une souris
faisait danser la boîte à céréales. Des écureuils filaient sur des pistes
d’envol. Le sucre tombait des arbres. J’ai même caressé un loup. Personne
ne voudra me croire. Et la musique. La musique partout. Pour les plantes,
pour les bêtes, pour nous. La veille du départ, la fanfare jouait, les
gens me tutoyaient et semblaient me connaître. Ils m’entraient dans leurs
mains, leurs sourires, leurs lieux, leurs gestes, dans leurs mots, ou
est-ce le contraire. Ils riaient du décalage horaire. Et aujourd’hui
demain, hier pour l’origine. J’en perds la précision.
Ne dis rien, raconte,
Ai-je rêvé qu’ils déplacent parfois une maison sur des grands skis de bois
? Qu’ils bûcheronnent des tonnes et boivent plus que boire ? Que la
lumière pleut dans la pluie des érables ? Que les ours de tous contes
vivent dans leurs forêts ? Ils sont l’autre parcours. C’était un autre
temps. Je le nomme aujourd’hui, pour le plaisir, la certitude. Un murmure
puissant, le grondement en fête d’un sous terre irrigué. Ils sont l’érable
rouge qui embrase la neige. Ils fixent la photo d’une rétine neuve. Une
fanfare joue. C’est hier ce matin. Ils sont l’exact, et tu l’écris.
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Extraits de "Terres de Vendanges", Éditions Chemins de Plume
C'est d'un cahier ouvert sur un coin de table que je ne dirai rien. Les
jeux, les séductions, les artifices, j'y pense quelquefois, mais le simple
me rattrape. L'éternuement d'un chat, le sang d'un géranium, une jacinthe
pâle accouchée de la nuit, la mer à ma fenêtre. Toute chose accoudée à la
table du jour. La grâce du peu décape l'inutile. Nettoie les outils. La
soupe dans le bol, le repos de la terre, écrivent mieux que moi une lettre
d'amour.
Les dernières sutures n'y pourront rien changer, les feuilles désertent.
L'automne fait ses feux. Les jours empilent leurs caillasses grises. Un
grésil glace l'herbe. L'exil ferme les nids. Le gel lace la terre. Le ciel
tombe. Une grenaille d'eau mitraille les façades. Plus rien n'aura la
force. La menace creuse le coeur des pierres. Les vignes pleurent. Le
froid chasse les insectes. Des bémols au soleil éteignent sa portée. Le
clocher timbre sourd. Les cailloux ballottés ravinent le chemin. Ne
s'attarde plus l'heure, ni la fleur, ni la soif des fontaines. L'austère
ratisse large.
Le ciel s'appuie sur ma terrasse. Simple bleu. Sans effets. Sans style.
Sans vocation. J'écris de lui. Qui ne le sait pas. Un thé blanc
m'accompagne. Du miel, résidu d'abeilles. Les yeux d'une orchidée
traversent les quartz sur l'étagère. Force violette. J'écris à verse. La
fenêtre fait l'échappée belle. Des montagnes à la mer, la neige troue ses
robes où s'agite le vent. Une mésange huppée, drôle d'oiseau frisé, mange
des graines dures. La chatte dans le jardin surveille ses petits. Touchée
comme une femme, la terre fermentée fait ses premières fleurs. Le cycle
recommence.
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Extrait de "L'inconfiance", Éditions Collodion
Elle sait les manques, les chemins à rebrousse jeunesse, les miroirs
perfides, les carrefours, l’embuscade des sillons, tous les
fléchissements. Elle sait les traîtrises d’automne, la lumière crue, la
lumière nue qui appelle le corps par son âge. Elle sait l’inconfiance
malgré la violence des désirs. Alors, elle voile la chute, protège
l’intime, cherche la distance. Elle masque la peur, marche et sait qu’elle
ne court plus. La cruauté naturelle ne laisse aucun doute, la route est
plus courte. Pourtant, elle y boit toujours le soleil d’un trait. Encore
son pas réunit l’eau et le galet. Doit-elle dire je quand elle parle
d’elle ? A les voir se chercher, je me dis qu’il faut du temps pour
joindre les deux bouts d’une femme.
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Extrait de "Du Feu dans les Herbes" Éditions Cosmophonies
Une odeur de printemps attise les bourgeons. Des arbres serruriers ouvrent
l’enchantement. Pommiers de fêtes, veines de feuilles, projets d’aubépine.
Un frémissement parcourt l'angélus qui bouscule le silence. L'horloge
s’épuise à dicter sa logique. Aux rideaux des façades les volets ne
battent plus pour appeler à l’aide. Un plaisir visite les ramures. Rien
n’arrête la course du vivant. Et le vieux monde, par un soleil de plus,
pardonne encore à ses bourreaux.
Ile Eniger©
sur son site: http://insula.over-blog.net
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