Antoine de St-Exupéry

( 1900 – 1944 )

Écrivain de génie et dessinateur de talent,
pilote, poète, philosophe, journaliste, prestidigitateur, inventeur et reporter français

( Le Petit Prince)

Q

uand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire !

Et il rit encore.

– Et quand tu seras consolé (on se console toujours) tu seras content de m’avoir connu. Tu seras toujours mon ami. Tu auras envie de rire avec moi. Et tu ouvriras parfois ta fenêtre, comme ça, pour le plaisir… Et tes amis seront bien étonnés de te voir rire en regardant le ciel. Alors tu leur diras: « Oui, les étoiles, ça me fait toujours rire ! » Et ils te croiront fou. Je t’aurai joué un bien vilain tour… »


C’est une folie d’haïr toutes les roses parce qu’une épine vous a piqué, d’abandonner tous les rêves parce que l’un d’entre eux ne s’est pas réalisé, de renoncer à toutes les tentatives parce qu’un a échoué…

C’est une folie de condamner toutes les amitiés parce qu’une vous a trahi, de ne croire plus en l’amour juste parce qu’un d’entre eux a été infidèle, de jeter toutes les chances d’être heureux juste parce que quelque chose n’est pas aller dans la bonne direction.

Il y aura toujours une autre occasion, un autre ami, un autre amour, une force nouvelle.
Pour chaque fin il y a toujours un nouveau départ… »


J

e t’aime, dit le Petit Prince.
– Moi aussi je te veux, dit la rose.
– Ce n’est pas pareil, répondit le Petit Prince.
Vouloir, c’est prendre possession de quelque chose, de quelqu’un.
C’est chercher chez les autres ce qui peut remplir nos besoins personnels d’affection, de compagnie
Vouloir, c’est chercher à faire nôtre ce qui ne nous appartient pas,
c’est s’approprier ou désirer quelque chose pour nous combler, parce qu’à un moment donné, quelque chose nous manque

Aimer, c’est désirer le meilleur pour l’autre,
même s’il a des aspirations différentes des nôtres.
Aimer, c’est permettre à l’autre d’être heureux,
même si son chemin est différent du mien.
C’est un sentiment désintéressé qui naît d’un don de soi,
c’est se donner entièrement à partir de notre coeur.

Quand on aime, on donne sans rien demander en échange,
pour le simple et pur plaisir de donner.
Mais il est aussi certain que ce don, ce don de soi, complètement désintéressé, ne se fait que quand on connaît.
Nous ne pouvons aimer que ce que nous connaissons,
parce qu’aimer veut dire se jeter dans le vide,
faire confiance à la vie et à l’âme.
L’âme ne s’achète, ni se vend.
Et connaître, c’est justement tout savoir de toi, de tes joies, de ta paix, mais aussi de tes contrariétés, de tes luttes, de tes erreurs.
Parce que l’amour transcende les disputes, la lutte et les erreurs, l’amour, ce n’est pas uniquement pour les moments de joie.

Aimer, c’est la confiance absolue que, quoi qu’il se passe, tu seras toujours là.
Non parce que tu me dois quelque chose, non par possession égoïste, mais juste être là, en compagnie silencieuse.

Aimer, c’est savoir que le temps n’y changera rien, ni les tempêtes, ni mes hivers.

Aimer, c’est donner à l’autre une place dans mon coeur pour qu’il y reste comme un père, une mère, un fils, un ami, et savoir que dans son coeur à lui, il y a une place pour moi.

Donner de l’amour ne vide pas l’amour, au contraire, il l’augmente.
La manière de donner autant d’amour, c’est d’ouvrir son coeur et de se laisser aimer.
– J’ai compris, dit la rose.
– Ne cherche pas à comprendre l’amour, vis-le, dit le Petit Prince »


J’

ai appris, dit le Petit Prince, que le Monde est le miroir de mon Âme…
Quand elle est enjouée, le Monde lui semble gai
Quand elle est accablée, le Monde lui semble triste
Le Monde, lui, n’est ni triste ni gai.
Il est là, c’est tout
Ce n’était pas le Monde qui me troublait, mais l’Idée que
je m’en faisais…
J’ai appris à accepter sans
le Juger, totalement, inconditionnellement… »


« Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre elles s’en souviennent. »

« Tu te jugeras donc toi-même, lui répondit le roi.
C’est le plus difficile.
Il est bien plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui. »

« Il ne savait pas que, pour les rois, le monde est très simplifié. Tous les hommes sont des sujets. »

« L’autorité repose d’abord sur la raison.
Si tu ordonnes à ton peuple d’ aller se jeter à la mer, il fera la révolution.
J’ai le droit d’exiger l’obéissance parce que mes ordres sont raisonnables. »

« Connaître ce n’est pas démontrer, ni expliquer.
C’est accéder à la vision. »

« Le véritable voyage, ce n’est pas de parcourir le désert ou de franchir de grandes distances sous-marines, c’est de parvenir en un point exceptionnel où la saveur de l’ instant baigne tous les contours de la vie intérieure. »

« On ne voit bien qu’avec le cœur.
L’essentiel est invisible pour les yeux. »

« Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître.
Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands.
Mais comme il n’ existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis. »

« L’essentiel, nous ne savons pas le prévoir. Chacun de nous a connu les joies les plus chaudes là où rien ne les promettait. Elles nous ont laissé une telle nostalgie que nous regrettons jusqu’à nos misères, si nos misères les ont permises »

« C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. »

« Tu es responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé.
Qu’est-ce que signifie «apprivoiser»?
C’est une chose trop oubliée, dit le renard.
Ça signifie «créer des liens … »

« La fin d’une chose marque le commencement d’une nouvelle.
Je ne savais pas trop quoi dire.
Je me sentais très maladroit.
Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre…
C’est tellement mystérieux le pays des larmes ! »

« Apprivoise-moi ! Que faut-il faire ? dit le petit prince.
– Il faut être très patient, répondit le renard.
Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe.
Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien.
Le langage est source de malentendus. »

« Bien sûr, dit le renard.
Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons.
Et je n’ai pas besoin de toi.
Et tu n’as pas besoin de moi non plus.
Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards.
Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre.
Tu seras pour moi unique au monde.
Je serai pour toi unique au monde. »

« C’est véritablement utile puisque c’est joli. »

« Connaître ce n’est pas démontrer, ni expliquer. C’est accéder à la vision »

« J’ai toujours aimé le désert.
On s’assoit sur une dune de sable, on ne voit rien, on n’entend rien.
Et cependant quelque chose rayonne en silence. »

⎯ Le Petit Prince