Jean Diharsce a 64 ans. Il a deux enfants et a choisi de poser ses pas et son amour en cette Bretagne du Nord qu’il aime pour sa rudesse douce et sauvage.
Homme de mer et de terre, il ne cesse de marcher sur tous les sentiers de ce pays et de ses îles.
Humaniste amoureux de l’utopie, il est de tous les engagements écologiques, solidaires , universalistes.
À poète, il préfère écriteur, activité qu’il exerce sans discontinuer depuis 50 ans.
Île en ailes… elle en il…
Ce recueil de poèmes, souvent en prose,
est un double voyage en amour et en mer.
Ces ports, ces terres, ces refuges, ces cocons que l’on finit par y trouver après des années de tangages et de tempêtes.
Des phares, des yeux ouverts toutefois sur les tragédies du monde, des poings desserrés qui deviennent des mains tendues.
Une infinie douceur lucide, le parcours d’un homme en lumière du couchant.
Une longue randonnée insulaire de mots, autour des rocs, autour d’une femme, autour de la vie.
EXTRAITS
C’est un soir de gribouille
C’est un soir de gribouille.
Tout le ciel est sinistre. D’autres, ailleurs, parlent de la mort imminente ou du désespoir d’être. Et j’entends tout cela du fond de mon histoire, du près de ma mémoire et de mes à peu près où j’ai mis tant de temps à me trouver entier sans dépendre de l’autre. Où je peux bien mourir puisque je sais où vivre et que je l’accomplis. Rien jamais idéal mais toujours au plus haut. Et je ne peux rien dire que la fureur de vivre, pour une heure ou un jour, rien qu’à aimer la vie et essayer encore. J’ai fait tant de chemins que je croyais superbes et qui n’étaient qu’impasses. Maintenant que je sais, que je me sais, je ne dis que de vivre, en fureur et en beau. Il est des temps superbes qui ne viennent qu’à soi et qu’on peut partager. Je le fais aujourd’hui, je le ferai demain, tant qu’il restera souffle. Vivre bordel vivre, nous sommes nés pour ça, nous sommes faits pour ça. Et il fera soleil. Et même à son coucher, il ne sait qu’être beau. »
C’est donc cela aimer
Au bout de tant de temps et de vies, de corps, effleurés, un instant ou plus longtemps parfois, alors qu’on ne croit plus au réel de ce verbe (et le bonheur avec), se laisser envahir totalement par un autre qui vient vous habiter, vous complète et vous apporte enfin tout ce qu’il vous manquait, sans qu’il en soit prison ou même dépendance, et qui devient le plus, le seul mieux qu’il vous reste à partager peut-être.
C’est ce frisson qui vient au bout d’un doigt tendu et vous montre le vent qui prend juste une place entre un ciel qui se couche, rouge, et la nappe de brume en foulard sur la vague, de l’émotion, ensemble, sans cesse répétée, du beau en farandole partout où la vie lève, du rire des enfants qui se courent la main, au sanglot qui vous monte devant l’inadmissible, cette larme à sa joue qui vous fait différent.
C’est ce mal qui vous prend, comme un sanglot en boule, quand la fête s’achève, pour repartir plus tard (peut-être, qui le sait ?), que vous gardez en vous quitte à s’en étouffer ce trop plein de désir de rester dans des bras, car vous savez déjà que les couleurs des jours qui demeureront belles, seront un peu moins vives et moins bien dessinées -vous les raconterez comme on fait un poème- ou qu’on entrouvre un livre.
Juste un rien qui fait vivre et qui n’est pas un mot lorsque vous le savez. C’est donc cela aimer. »
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Un Gavroche en politique
« L’idée de ce livre est née un soir, dans une de ces réunions dont les socialistes raffolent. Une de celles où l’on passe son temps à se morfondre, à rabâcher de vieilles querelles dont plus personne ne connaît les causes, où des militants, âgés pour la plupart, rêvent de bâtir un monde plus juste, plus fraternel. […]
André Laignel a 67 ans. Il parle beaucoup, généralement bien. Au moins publiquement. Tout le monde connaît son parcours. Ministre, parlementaire, président du Conseil ‘général, député européen, maire d’Issoudun… la liste est longue. Et pas forcément classée dans l’ordre d’importance qu’il choisirait.
Mais bien peu, y compris parmi ceux qui l’accompagnent tous les jours, parfois depuis des dizaines d’années, connaissent l’homme André Laignel : celui qui ne parle pas de lui.
Ce livre les surprendra. »
autres poèmes
Tu verras
Ici
Il n’est que doux qui se fait frais à respirer sur l’essentiel
Des sentes que l’on suit au-dessus de la mer
Du vert du gris du bleu
et puis des arcs-en ciel qui font des ponts au ciel
Des cités que l’on tourne en faisant des remparts
des histoires étranges que l’on dit aux enfants
l’ankou qui court au travers de forêts
s’arrête sur les ponts
une histoire de vie et des gens de musique
une soupe qui fume
Peut-être enfin ie rire au plus loin des vacarmes
sauf le vent quelquefois
la paix de soi au creux des îles
Enfin
J’aurai le temps
encore
de savoir te montrer
à se serrer si fort que l’âtre se rallume
à supposer
peut-être
qu’il y fasse un peu froid
parfois
Tu verras
ici
Parce que le ciel est gris, qu’il manque de lumière, me reviennent parfois les terreurs de l’enfance et certaine blessure, cette façon à moi de ne pas savoir faire, de n’être pas où il faut, et d’être si mauvais quand je donne tout moi. Et les mots se bousculent, charrient tant d’inutile cette envie d’être en bras et de serrer très fort, de ne pas s’arrêter au frôlement des lèvres. Envie d’utériner.
C’est alors que surgit ce que l’on m’a donné, l’exigence en urgence d’aller chercher plus loin et de l’offrir encore. Y trouver l’énergie et quelques ondes douces, esquisser un sourire, inventer un printemps qui ne tardera pas, ouvrir les bras au lieu d’attendre. Pelleter l’inutile et retrouver l’épure.
Savoir enfin, peut-être, au bout de ces chemins, qu’après la montée rude, s’étire la descente, qu’elle n’est pas plus simple. Et que le plat est triste.
Désormais, le mobile, au-dessus du rideau, chantera quelques notes, lorsque quelqu’un viendra.
©jeandiharsce
⎯ Jean Diharsce sur sa page FB