Lawrence Desrosiers

habite à Baie-Comeau QC.
 
Je le lis sur Twitter ( @Idero ) depuis quelques années
et j’ai pensé vous le faire découvrir.
 
Un jour, il s’est décrit ainsi :
« …je suis très joyeux dans la vie
mais j’ai des fréquentations régulières
avec la mélancolie, le spleen et la nostalgie.
C’est ce qui me fait écrire. »

 

Lune du 9 novembre 2021

Photographie: Lawrence Desrosiers ©

Je lui ai demandé
de prendre la pause pour moi.

Avec beaucoup de pudeur
elle ne m’a montré qu’un quartier.
 

L’arbre/oeil

Dessin: Lawrence Desrosiers ©

Nous ne savons pas si un arbre pleure avant d’être abattu.
 


« Quand l’artiste s’expose,
les âmes s’enlacent »
⏤ Lawrence Desrosiers

 

U

n ermitage
pour entendre

le vent brasser les arbres
qui s’entraident

la mer marteler la côte
la faire reculer

les oiseaux
se conter fleurette

le bruit de l’eau
se faufilant dans les creux

Entendre la nature
taire les hommes

J

’écris j’écris
ma plume trempée
dans la langueur
jamais dans un jaune soleil

je vis je vis
mon âme élevée
haut dessus haut
jamais en moi saudade

résiste résiste
à ma peur
torpeur du déchirement
de ma solitude
dans la foule

E

ntendre
le vent et la mer
voir la piste du renard
suivre celle du lièvre

il y aura de l’action ce soir

Craquements de raquettes
au rythme
d’expirations vaporeuses
l’action s’achève

au soleil couchant

Le printemps peut attendre

D

iscussion entre épinettes

– Quel est ce bruit?
– C’est un raquetteur qui approche.
– Ça m’inquiète!
– Ne t’inquiète pas, il ne porte ni scie ni hache.

T

oute lumière dans la nuit
rompt la solitude
rassure

Quelqu’un éclaire
indique le chemin
nitescence

Un phare sans océan
un chenal
parmi les étocs

Accostons

L

a reine rivière a failli m’emporter
je n’ai pas eu assez peur
d’être possédé par son étouffement

comme un trou d’or
elle m’attire
avec son verre de glace
et sa glace de verre

Si petit au fond du paysage
il part ou il vient?

J’attend un peu
le temps révèle…

…il part.

Fin de l’histoire.

P

arfois l’horizon se révèle
autrement
la forêt ou la mer le cache…

…comme nous ignorons
ce que demain nous réserve
amour, départ, retrouvailles

L’espoir luminescent
soulage l’affolement
adoucit et rassure

Les mots amants
remémorent l’horizon

Vivre

U

n soixante-neuvième Noël
vécu
pandémique
solitaire
le coeur débordant d’amour
non distribué

Il en reste à vivre
sans pandémie
avec nos amours
l’âme libre
les corps enlacés
alanguis

T

es mots
me touchent
m’ébranlent
comme ton sourire
ta voix, tes rires

Ton absence meurt
ton amour vit
et m’aide à supporter
le passage du temps
les travers de la vie
mes essoufflements
mélancoliques

Tu nourris sans retenue
notre braise rubis

Coeurs incandescents

E

lle
se croit loin
au fond du paysage
elle
qui espère espoirs

Elle
occupe l’espace
du sable aux nuages
elle
en moi

Elle
doute du temps
ce trait de désunion
elle
unie par le grand A

N

uit d’hiver

La fumée des cheminées s’élève
fantomatique
le paysage se divise en deux
ciel charbon sur neige immaculée
le froid polaire colle mes cils mouillés
un silence oppressant
amplifie le craquement de la neige sous mes pas
ma solitude se solidifie

Nuit d’hier

U

ne neige mouilleuse
voltige
en plume d’oie

s’étale
charge les branches
remplit les pelles

amuse les enfants
et devient bonhomme

L

e vent
fait craquer les grands arbres
qui se balancent
impatients.
Est-ce le vent qui me parle
ou les conifères costauds
qui hurlent leur désespoir
de ce monde chaviré?
Écoute ton coeur
lui seul a la réponse.

M

es oiseaux se terrent
préférant la forêt
les causeries entre eux
les visites express
aux mangeoires

À la ville
le silence domine
pas de klaxon
de bruit de freinage
de réprimande

L’ambulance hurle
son empressement
à sauver une vie

Apaisement sous le masque