L’Écriture

Œuvre: Judith in den Bosch

Ça rend sauvage l’écriture.
On rejoint une sauvagerie d’avant la vie.
Et on la reconnaît toujours, c’est celle des forêts, celle ancienne comme le temps.
Celle de la peur de tout, distincte et inséparable de la vie même.
On est acharné.
On ne peut pas écrire sans la force du corps.
Il faut être plus fort que soi pour aborder l’écriture, il faut être plus fort que ce qu’on écrit. C’est une drôle de chose, oui.
C’est pas seulement l’écriture, l’écrit, c’est les cris des bêtes la nuit, ceux de tous, ceux de vous et de moi, ceux des chiens.
C’est la vulgarité massive, désespérante de la société (…) et c’est aussi le plus violent du bonheur.

Marguerite Duras