Niko Tackien

scénariste, réalisateur et romancier français,
né le 5 avril 1973 à Paris

Celle qui pleurait sous l’eau
( février 2020 )
Un jour caniculaire de juillet, le maître nageur de la piscine Pailleron, dans le quartier des Buttes Chaumont, aperçoit le cadavre d’une jeune femme dans l’eau.
La victime s’appelle Clara Delattre.
Selon Tomar Khan, chargé de l’enquête, il s’agit d’un suicide. Dubitative, son assistante Rhonda poursuit les recherches qui la mènent sur les traces d’un meurtrier psychique récidiviste.

EXTRAIT DE «CELLE QUI PLEURAIT SOUS L’EAU

 

« Il avait attendu qu’elle soit bien accro pour prendre ses distances et commencer le travail de sape qui, petit à petit, lui avait fait perdre toute confiance en elle.
Il n’avait pas de souvenirs ultra-précis des détails de leur relation, il préférait les oublier pour laisser place nette. Mais il se rappelait tout de même la fin de l’histoire, quand elle lui avait annoncé sa grossesse et qu’il l’avait forcée à avorter malgré ses réticences.
Il se le rappelait, car c’était déjà arrivé avec sa femme — ce vieux crocodile —, sauf qu’elle avait plus de quarante ans et que c’était son ultime chance d’avoir un enfant.
Toutes les deux avaient terminé de la même manière, au fond du trou, comme si ce sacrifice avait aspiré leurs dernières forces.
Il fallait qu’il s’en souvienne à l’avenir pour éviter ce genre de bordel.
Il fallait qu’il se calme et qu’il arrête de les engrosser. En même temps, ça faisait partie du « jeu ». C’était amusant de les voir se débattre avec leurs angoisses de femmes, de les voir faire des plans sur la comète d’un ventre qui s’arrondit, d’une chambre à préparer, d’un avenir à envisager.
Château de cartes bien fragile sur lequel il soufflait le chaud et le froid pour finalement renverser la table et ruiner tous leurs espoirs.
Pourquoi détestait-il autant les femmes ?
Ça avait rapport avec sa mère, lui avait dit une de ses patientes de Perpignan.
Peut-être ? Sans doute ? André s’en foutait. »