Paul-Émile Borduas

Paul-Émile Borduas
(1905-1960)
est né à Mont-Saint-Hilaire
le 1er novembre 1905.
Après des études primaires à l’école paroissiale, il fréquente l’atelier d’Ozias Leduc et suit des cours du soir à l’École des arts et métiers de Sherbrooke.
En 1923, il s’inscrit à l’École des beaux-arts de Montréal où il obtient des prix en dessin.
Il séjourne en France de 1928 à 1930.
Il revient au Québec et enseigne à la Commission scolaire catholique de Montréal.
En 1937, il remplace Jean-Paul Lemieux en tant que professeur à l’École du meuble de Montréal.
L’année suivante il expose au Musée des beaux-arts.
Il participe, en 1946, à la première exposition des Automatistes à Montréal.
Lancé à la Librairie Tranquille le 9 août 1948, Refus global suscite aussitôt une vive controverse.
Avec le recul, le manifeste nous apparaît comme la prise de position lucide d’un homme qui refuse l’héritage d’une société tournée vers son passé, maintenue par son élite et son clergé dans un climat d’ignorance et de peur.
Pour Borduas et son groupe, une transformation profonde s’imposait. Il fallait faire place à une ère nouvelle dominée par d’autres valeurs.
La publication de Refus global vaut à Borduas d’être expulsé de l’École du meuble, et suscite dans les journaux une polémique qui durera deux mois.
Borduas fut ostracisé par le pouvoir politique pour avoir osé dire tout haut ce que plusieurs pensaient tout bas. La diffusion de Refus global est déterminante dans la vie de Borduas. Il devra désormais se tourner uniquement vers la peinture pour assurer la subsistance de sa famille.
Il se réfugie dans sa maison de Saint-Hilaire pour écrire et peindre. Il participe à de nombreuses expositions jusqu’en 1952 où il vend sa maison de Saint-Hilaire et s’exile à New-York où il connaît une période de création exceptionnelle.
Sa « période parisienne », de 1955 à 1960, est difficile pour Borduas. Il ne réussit à obtenir une exposition particulière qu’en 1959 à la Galerie Saint-Germain, un an avant sa mort.
Il meurt d’un arrêt cardiaque, seul dans son atelier de la rue Rousselet, à Paris, le 22 février 1960.
Sur le chevalet, un tableau presque tout noir.
« Composition 69 » est considéré, jusqu’à ce jour, comme son dernier tableau. Borduas aura travaillé jusqu’à la fin.
Ses cendres sont rapatriées dans le cimetière de sa ville natale en 1989.
Le prix Guggenheim lui est décerné à titre posthume.
 
Refus global
et autres écrits
En août 1948 paraît à Montréal un manifeste signé par une bande de jeunes artistes, qui fait vite scandale : c’est Refus global.
Celui qui l’a rédigé, le doyen du groupe, Paul-Émile Borduas, est démis peu après de son poste de professeur à l’École du meuble.
Et, face aux réactions hostiles que suscite leur prise de position, plusieurs des signataires vont préférer poursuivre leur carrière à l’étranger, dont Borduas lui-même.
« Refus global » n’était pas un accident de parcours :
les écrits de Borduas réunis ici démontrent l’ampleur de la culture et la profondeur de réflexion à l’origine de ce rententissant appel à la libération.

 
 
 

Aller jusqu’au
bout des mots
correspondance 1954-1959
« Chacune de vos lettres, votre « fidélité » m’est d’un grand secours !
Ne riez pas, méchante, c’est vrai ! Pourquoi ?
Il aurait fallu se connaître, s’aider l’un l’autre.
S’aimer parfaitement pour employer le grand mot impossible !
Cette liaison délicate avec vous est pour moi comme la revanche du sort.
Vous êtes gentille Rachel !
Je corrige votre rêve et vous garde dans mes bras une éternité ! 
»
⎯ Paul-Émile Borduas, Paris, 18 juin 1956

Sortie du tiroir de l’oubli, cette correspondance séduit par sa singularité et le secret dans lequel elle a été longtemps gardée.
Après une idylle éblouissante – de l’automne 1954 à l’automne 1955, alors que Borduas s’installe à Paris -, les amoureux entretiendront une relation épistolaire jusqu’à la mort du peintre, en 1960.
Rachel Laforest avait rencontré l’artiste à son atelier en 1948, en compagnie de son mari, Frantz Laforest.
Six ans plus tard, elle est séparée et élève seule son fils.
Celle que Borduas appelle affectueusement « ma belle, difficile, affolante Rachel » restera, de son propre aveu, l’un des pôles importants de sa vie émotive.
Leurs échanges, empreints de questionnements moraux et artistiques, scelleront une amitié inaltérable et libre, comme le deviennent parfois les amours impossibles.