La perte d’un enfant

« Parler de ses peines
c’est déjà se consoler »
Albert Camus

 

Courage
à vous qui vivez
cette grande peine !
Jisca
La Mort subite / La chair arrachée

 
On entend souvent dire
que les parents ne devraient pas
subir le décès d’un enfant
parce que « c’est la pire épreuve
qu’un parent puisse traverser. »

Rien de plus vrai !
Et peu importe l’âge de son enfant.

À l’appel qui annonce cette tragédie,
le coeur crie, meurtri à jamais.
L’Être entier est démoli.
La réalité disparaît,
devient nuage,
eau-trouble.

La raison sombre :
c’est le coeur qui pleure,
c’est la sensation douloureuse du grand vide,
c’est, « est-ce que j’aurais pu en faire plus »
c’est, « non, non et, non ! »

Le Temps de la négation.
Et les jours passent, les mois passent !

Et le calme revient doucement en soi !

Jisca


« Cet espace
Entre l’absence et le rêve
Entre l’immobile et l’intangible
Entre la soif et la faim
Je l’ai foulé pour toi
À présent
Tu peux dormir en paix
Ma chair, mon sang
Mon enfant »

– LEM

 

La lecture de beaux textes,
aide souvent à ressentir une certaine paix.
LE VOILIER

Je suis debout au bord de la plage.
Un voilier passe dans la brise du matin,
et part vers l’océan.
Il est la beauté, il est la vie.
Je le regarde jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon.
Quelqu’un à mon côté dit : « il est parti !»

Parti vers où ?
Parti de mon regard, c’est tout !
Son mât est toujours aussi haut,
sa coque a toujours la force de porter
sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue est en moi,
pas en lui.

Et juste au moment où quelqu’un prés de moi
dit : «il est parti !»
il en est d’autres qui le voyant poindre à l’horizon
et venir vers eux s’exclament avec joie :
«Le voilà !»
C’est ça la mort !
Il n’y a pas de morts.
Il y a des vivants sur les deux rives.

William Blake
MORT ET QUINTESSENCE

« Un deuil ne se borne pas, comme on le dit souvent, à envahir les sentiments;
il consiste plutôt en une fréquentation ininterrompue du disparu, comme si ce dernier devenait plus proche. Car la mort ne le rend pas seulement invisible : elle le rend aussi plus accessible à notre regard. Elle nous le vole, mais elle nous le complète également d’une manière inédite.

Dès le moment qui fige pour nos yeux ces contours mouvants qui traduisent l’action et les changements constants d’une physionomie, celle-ci nous révèle souvent pour la première fois sa quintessence, l’élément que le déroulement de l’existence ne nous donnait pas le loisir de percevoir complètement. »

Nous voici aujourd’hui au bord du vide
Puisque nous cherchons partout le visage
que nous avons perdu.
Il était notre avenir et nous avons perdu notre avenir.
Il était des nôtres et nous avons perdu
cette part de nous-mêmes.
Il nous questionnait et nous avons perdu sa question.
Nous voici seuls, nos lèvres serrées sur nos pourquoi.
Nous sommes venus ici chercher,
chercher quelque chose ou quelqu’un.
Chercher cet amour plus fort que la mort.

Paul Éluard