Mélissa Perron est une auteure québécoise.
Grâce à son diagnostic d’autisme elle se distingue en tant qu’artiste, femme et maman.
Elle a publié le roman « Promets-moi un printemps » en 2019 et vient de publier « Belle comme le fleuve » aux Éditions Hurtubise, en août 2021.
Six ans après les événements de « Promets-moi un printemps », Fabienne Dubois mène une vie presque rêvée. Elle adore son emploi dans une maison de soins palliatifs, peint plus que jamais et vit toujours avec son amoureux Fred. De plus, elle a fait une grande découverte en apprenant qu’elle était autiste, un diagnostic qui a redéfini son passé et illumine son quotidien.
Extrait
« J’fais pas juste exister : je vis, maintenant ! J’ai fait semblant pendant 36 ans, tu vas quand même pas me reprocher d’enfin être moi ? »
Avez-vous déjà lu un discours à des funérailles ? Tous les yeux rougis étaient braqués sur moi et attendaient que je craque. Les gens surveillaient la faille, le trémolo dans ma voix, le mot qui me couperait la gorge. Personne aurait voulu être à ma place, surtout pas avec ce que j’avais à dire.
J’me suis raclé la gorge et j’ai tapé sur le micro deux fois. Le silence qui a suivi était superbe. L’église était remplie mais muette. J’ai fait durer le suspense jusqu’à tant que Friedrich, assis au premier banc, me fasse signe que j’exagérais.« Merci d’être là pour ma mère. Avant de mourir, Brigitte m’a demandé de vous dire quelque chose. »
J’ai fait une pause et j’ai regardé le crucifix au mur. J’ai hésité avant de continuer, mais ma mère méritait que je livre ses dernières volontés.
« Elle m’a demandé de vous dire qu’elle vous emmerde. »
Fabienne a 30 ans et tout pour être heureuse. Indépendante de fortune, elle est peintre et sa carrière est prometteuse. Sa maison, construite sur un grand terrain boisé, au pied de la montagne, est flanquée d’un atelier, son «phare». Mais à quoi bon tout cela, désormais? La dépression a fauché la jeune femme. Du gros chat orange errant qu’elle nourrit, elle dit : «Celui-là était comme moi : perdu.» Fabienne est peut-être perdue, mais elle n’est pas seule. Autour d’elle, la résistance s’organise: son amoureux et sa meilleure amie veillent sur elle. Une psychologue l’accompagne dans les méandres de sa maladie. Cela compense sans doute pour l’attitude d’autres personnes qui lui répètent que la dépression est affaire de lâcheté et de faiblesse, et qu’elle est bien «la fille de son père»…
À travers des passages difficiles, Fabienne en apprend beaucoup sur elle-même et sur sa propre histoire, et parfois bien plus qu’elle l’aurait souhaité. Grâce à son art, elle tente d’exorciser les angoisses et les peurs qui la tenaillent. Et elle sent monter en elle un irrésistible désir de se sentir utile qui l’amène à franchir le seuil de la Maison du Sentier… Malgré la dépression, malgré un hiver qui n’en finit plus, Fabienne refuse de baisser les bras et s’entête à rêver de la première tulipe du printemps. Une fiction forte et touchante autour d’une maladie plus taboue que jamais.
On en parle
« Un roman touchant, intimiste,
où pointe l’humour malgré la détresse. »⎯ Marie-France Bornais | JDM | août 2019