acteur, romancier et dramaturge québécois
Robert Lalonde représente le Québec chaque automne depuis 1997 en tant que membre du jury du prix de l’Union latine, à Rome (Italie). Il est membre de l’Académie des lettres du Québec.
Il vient de publier « Fais ta guerre, fais ta joie »
Éditeur BORÉAL
septembre 2019
Ce livre est une méditation sur les liens qui unissent peinture et écriture, couleurs et vocables, formes et récits, faisant défiler les figures de Cézanne et de Zola, de Van Gogh et de Gauguin, de Suzor-Coté, d’Arthur Villeneuve et de Marc-Aurèle Fortin. Il évoque les amis peintres, toujours prêts à ouvrir leur atelier au littérateur, qui en sort ébloui, et le travail silencieux et solitaire de l’écrivain, que menace et aiguillonne à la fois la peur de l’échec, la peur de ne pas se montrer à la hauteur de la vision.
Ce livre est avant tout un hymne à la création et aux créateurs, qui pour aller au bout de leur art doivent faire la guerre au doute, à l’à-quoi-bon, au babillage qui entoure trop souvent la création, mais qui ont pour devoir, pour passion, de faire leur joie, notre joie, en risquant tout pour mettre au monde une oeuvre.
Je ne m’habituerai jamais aux mots assoiffés de ce prophète d’émerveillement qu’est Robert Lalonde. Lui seul sait décrire avec autant de précision exaltée ce qui se trouve au fond et par-delà les choses.
Dans ce carnet où il ne cesse encore de voir, de lire et d’écrire, il s’acharne à décrypter les gestes de son père quand celui-ci se mettait à la peinture et qu’il tentait, comme le fils le fera plus tard avec les mots, de saisir le monde en sachant qu’au mieux il ne pourrait qu’approcher son ineffable mystère.
Écrit à la deuxième personne du pluriel, le récit de Lalonde emprunte en quelque sorte au « vieux style » pour incarner la voix qui guide nos intuitions vers l’indomptable envie de créer.⎯ Isabelle Beaulieu | Rédactrice et créatrice de contenu
revue.leslibraires.ca
C’est le coeur qui meurt en denier
Éditeur: BORÉAL
J’émerge, essoufflé, d’un rêve où tu t’adressais à moi dans une langue inconnue. Inquiète, énervée, volubile au-delà de ton accoutumée, tu cherchais à me confier le fin mot de ton histoire, la réponse enfin à ta question lancinante – « J’ai été qui, j’ai été quoi, peux-tu me le dire ? » – mais arrangée dans un charabia inintelligible, où revenaient sans finir, comme le refrain traînant d’une complainte, mes trois prénoms, chantonnés tristement, à la manière des prières que je marmonnais autrefois sans comprendre ce qu’elles voulaient dire.
C’est moi, bien sûr, qui me pose à moi-même, en plein cœur de la nuit, la question suppliciante. C’est ma voix dans la tienne qui psalmodie Joseph, Serge, Robert, espérant que ces trois-là répondront à l’appel et articuleront à ma place une réponse claire, nette, définitive à ta grande question « à cent piastres ». Quelque chose comme : « J’ai été celui qui a eu raison de t’aimer, puis raison de te haïr et de m’enfuir, raison de faire ma vie loin de toi, et finalement raison de rentrer, même s’il se fait tard. »

Éditeur BORÉAL
Un écrivain vit seul dans sa trop grande maison, encore hantée par la présence de son père, avec qui il y a vécu mais qui est depuis longtemps disparu, et par celle de la femme qui vient de le quitter.
Son métier l’appelle sans cesse sur la route et l’amène à croiser des hommes qui, à un moment ou à un autre de sa vie, ont contribué à forger celui qu’il est devenu, ou des enfants, qui lui rappellent l’émerveillement ou la fragilité de celui qu’il a été.
Robert Lalonde donne ici un roman-mosaïque composé d’une suite d’histoires qui se font écho. S’y dessinent toutes les figures des relations que les hommes peuvent tisser entre eux, mentor, disciple, rival, ami, amant.
Dans une prose somptueuse, il peint de manière éblouissante la nature qui entoure ses personnages et où se reflète le moindre mouvement de leur âme.