Camille Claudel

Camille Claudel ( 1864 – 1943 )

Camille Claudel naît le 8 décembre en 1864 à Fères-en-Tardenois (Aisne)
1881 : elle s’installe à Paris et entre à l’Académie Colarossi.
Elle rencontre le sculpteur Alfred Boucher puis Auguste Rodin.
1882-1892 : relation amoureuse avec Auguste Rodin.
1913 : à la demande de son frère Paul Claudel, internée
à l’Hôpital Psychiatrique de Ville-Evrard, avant d’être transférée à l’Hôpital de Montdevergues, près d’Avignon, en proie à un délire de persécution complexe, allant en s’aggravant d’année en année jusqu’au 19 octobre 1943 où elle meurt après trente années de séquestration.


De sa « prison »,
elle écrit :

« Je réclame la liberté à grands cris »

Solitude atroce, inhumaine.
Il faut lire cette lettre déchirante
qu’elle adresse à son frère, Paul, le 3 mars 1927

C

e n’est pas ma place au milieu de tout cela, il faut me retirer de ce milieu : après 14 ans aujourd’hui d’une vie pareille je réclame la liberté à grands cris.
Mon rêve serait de regagner tout de suite Villeneuve et de ne plus en bouger, j’aimerais mieux une grange à Villeneuve qu’une place de 1ère pensionnaire ici. (…)
Ce n’est pas sans regret que je te vois dépenser ton argent dans une maison d’aliénés. De l’argent qui pourrait m’être si utile pour faire de belles œuvres et vivre agréablement !
Quel malheur ! J’en pleurerais.
Arrange-toi avec mr. le Directeur pour me remettre de 3ème classe ou alors retire-moi tout de suite d’ici, ce qui serait beaucoup mieux ; quel bonheur si je pouvais me retrouver à Villeneuve ! Ce joli Villeneuve qui n’a rien de pareil sur la terre !
Il y aujourd’hui 14 ans que j’eus la désagréable surprise de voir entrer dans mon atelier deux sbires armés de toutes pièces, casqués, bottés, menaçants en tous points. Triste surprise pour un artiste : au lieu d’une récompense, voilà ce qui m’est arrivé ! c’est à moi qu’il arrive des choses pareilles car j’ai toujours été en but à la méchanceté. Dieu ! Ce que j’ai supporté depuis ce jour-là ! Et pas d’espoir que cela finisse.
Chaque fois que j’écris à maman de me reprendre à Villeneuve, elle me répond que sa maison est en train de fondre c’est curieux à tous les points de vue. Cependant j’ai hâte de quitter cet endroit. Plus ça va, plus c’est dur !
Il arrive tout le temps de nouvelles pensionnaires, on est les unes sur les autres, foussi comme on dit à Villeneuve, c’est à croire que tout le monde devient fou. Je ne sais pas si tu as l’intention de me laisser là mais c’est bien cruel pour moi !….»